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1. Introduction

Ce document passe brièvement en revue la nature des relations économiques et politiques entre l’Union européenne et les pays ACP du Pacifique depuis leur indépendance et analyse les répercussions de la fin de la Convention de Lomé sur la région. Le premier chapitre examine l’évolution des relations entre les États membres de l’Union européenne et les pays ACP [L’analyse met en évidence les relations entre l’Union européenne et les pays ACP du Pacifique, quoiqu’il faille garder à l’esprit que l’Union européenne n’existait pas au sens propre avant le traité de Maastricht. En outre, deux des puissances coloniales européennes (la Grande-Breta gne et la France) ont été et sont toujours influentes à titre individuel dans la zone Pacifique dans l’ère post-colo niale.].
Le second volet se penchera à la fois sur quelques-unes des nombreuses contraintes qui ont paralysé le développement de la région et sur les voies empruntées par l’Union européenne pour soutenir le développement de la région par l’intermédiaire de la Convention de Lomé.

Certains affirmeront que, tout en étant le deuxième donateur de la région en ordre d’importance, et probablement le premier donateur pour les petits États insulaires [L’Australie reste le donateur le plus important pour les pays ACP du Pacifique, mais deux tiers du budget d’aide régionale australien sont alloués à la Papouasie-Nouvelle-Guinée, ancienne colonie, où l’Australie possède des intérêts miniers, pétrolifères et géopolitiques de taille.], l’Union européenne a contribué par son aide à fausser le processus de développement des îles. En raison des nombreuses aides et des préférences commerciales octroyées par l’Union européenne, l’Australie, la Nouvelle-Zélande et le Japon, les petits États insulaires ont mis en place un remarquable système de dépendance vis-à-vis de l’aide. Cependant, comme nous le verrons ci-après, près de 45% de l’aide apportée aux États ACP du Pacifique prend la forme d’une assistance technique [Ce chiffre ne concerne que les sept plus petits pays ACP du Pacifique et exclut la Papouasie-Nouvelle-Guinée.].

Puisque la Convention de Lomé englobe des relations commerciales et économiques entre les États ACP et l’Union européenne, elle a eu sur les économies de la région des répercussions bien plus profondes que ne se l’imaginent [Il est à remarquer qu’il n’est fait pratiquement aucune mention des pays ACP du Pacifique dans les débats préliminaires à l’élaboration du livre vert de l’Union européenne sur l’avenir de ses relations avec les pays ACP. Le seul commentaire – la région était „autarcique" – est pour le moins curieux puisque les pays ACP du Pacifique ont des taux de pénétration (exportations plus importations/ PIB) aux environs de 80-90 %. Cela démontre non seulement le peu d’intérêt – compréhensible – que l’Union européenne accorde aux pays ACP du Pacifique, mais également une méconnaissance de la région, ce qui est tout à fait incompréhensible après un siècle de régime colonial et plus de deux décennies d’association officielle aux termes de la Convention de Lomé.] – semble-t-il – les décideurs politiques. Par le truchement des préférences commerciales et de l’exportation de la Politique agricole commune (PAC) dans la région, la Convention de Lomé a créé de fait une réplique des structures économiques coloniales qui, sans l’assistance de l’Union européenne, auraient disparu naturellement depuis longtemps. Dans un sens, les préférences commerciales ont été le mécanisme le plus efficace pour octroyer de l’aide aux éléments les plus pauvres de la société, sans recourir à l’intervention directe des bureaucraties d’État. Cependant, comme nous le verrons par la suite, une partie considérable de cette aide a été appropriée par des tiers.

A ce stade, il convient d’expliciter un élément sous-jacent à notre propos. L’Union européenne entend visiblement réduire considérablement son assistance économique au Pacifique et à d’autres régions qui ne présentent pas un intérêt économique et géopolitique direct. C’est compréhensible: les nations et les régions ne distribuent pas de l’aide par simple générosité. L’intérêt propre de l’Union européenne prime, et l’intérêt de la politique de l’UE dans ces lointai-

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nes mers australes est tout sauf évident pour Bruxelles. Cependant, force est de constater que l’action de l’Union européenne dans le cadre de la Convention de Lomé a influencé dans une très large mesure le développement d’un grand groupe de petites nations et l’on ne peut s’empêcher de penser que l’horizon 2000 marquerait une rupture idéale avec le passé colonial européen. L’éradication du dernier vestige du post-colonialisme européen, la Convention de Lomé, scelle une fois pour toutes la fin d’un siècle qui a commencé avec une Europe au faîte de sa puissance coloniale. En revanche, du point de vue du Pacifique, la réalité n’apparaît pas aussi simple.
Par sa générosité quasi inconsciente, l’Union européenne a créé de graves distorsions économiques et elle a au moins l’obligation morale de participer au redressement de cette sitaution. Les industries thonières du Pacifique, l’industrie sucrière des Fidji et les cultures arbustives tropicales mélanésiennes restent dangereusement dépendantes des préférences commerciales accordées par l’Union européenne. Leur abandon par l’Union européenne entraînera un désastre économique dans une région déjà durement touchée par les réductions d’aides successives d’autres donateurs, ainsi que par la perte des préférences commerciales.


© Friedrich Ebert Stiftung | technical support | net edition fes-library | November 2001

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