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TEILDOKUMENT:
[page-number of print ed.:13 (french part)] 4. Bases dune nouvelle approche La raison fondamentale pour laquelle les Caraïbes recherchent une nouvelle relation avec lUE au terme de Lomé IV découle de linsuffisance des dispositions actuelles de non-réciprocité à assurer lexpansion des échanges et des investissements dans la région au cours des décennies à venir. Le mouvement actuel et futur vers les zones de libre échange et les blocs déchange continuera à détourner de la région le commerce et les investissements dans la mesure où ces dispositions prévoient des conditions préférentielles plus attrayantes pour leurs membres. De plus, lérosion de la préférence dans le cadre de la libéralisation universelle du commerce a conduit à une importante réduction des marges tarifaires. Par rapport au dernier Uruguay Round, les marges préférentielles ont baissé de près de 3% en raison de la réduction substantielle de la clause de la nation la plus favorisée. Les tarifs communautaires moyens sont à présent inférieurs à 5-6% sur les produits industriels, ce qui signifie que Lomé ne présente plus guère davantages pour les exportations industrielles des ACP. Etant donné la situation actuelle des liens qui unissent lUE et les Caraïbes en matière déchanges et dinvestissement, il semblerait que laccord de libre-échange (FTA) constitue à long terme un instrument supérieur à la clause de la nation la plus favorisée, au SPG et à Lomé. Il permettrait daccroître la taille du marché en créant de meilleurs échanges préférentiels dans cette zone; il assurerait aussi une plus grande sécurité daccès au marché, ainsi quune plus grande transparence et une stabilité des règles. Il attirerait davantage lattention de la région sur les gains dynamiques en examinant dautres barrières commerciales, les règles dorigine protectrices et les dispositions restreignant les investissements qui sont autant dobstacles aux investissements dans les domaines où la région fait preuve de compétitivité. En tant que pays à revenus moyens ayant déjà jeté les bases minimales en matière de compétitivité, ces pays peuvent tirer rapidement avantage de la concession daccords de libre-échange en mettant en place certaines structures et en entreprenant certaines réformes essentielles. En outre, certains des éléments extérieurs nécessaires à la compétitivité, comme la technologie, lapport de capitaux, etc. ne peuvent être obtenus dans des économies de taille réduite que par un statut commercial plus avantageux tel que celui dun accord de libre-échange. Les petits pays ne peuvent donc plus se contenter de rester enfermés dans des accords de non-réciprocité restrictifs et dattendre davoir établi leur compétitivité comme condition préalable à leur entrée dans un accord de libre-échange. La prise de conscience de ce qui précède et plus particulièrement de lampleur et de la rapidité du détournement des investissements dues à la création de lALENA a conduit les Caraïbes à sengager dans un processus dintégration à un accord de libre-échange (ALENA/FTAA) dici 2005. Par ailleurs, au moins deux pays CARICOM ont exprimé leur intérêt à rejoindre lALENA sils y étaient invités. La réciprocité accordée à dautres pays de lhémisphère en développement est déjà établie en principe pour les quatre pays CARICOM moyennement développés. Par extension, cette logique doit sappliquer aux relations avec lUE. Etant donné que lUE a signé avec lEurope Orientale des accords de libre-échange et se propose de prendre des mesures similaires envers dautres partie du monde en voie de développement, Lomé ne pourra plus constituer un instrument déchange compétitif pour les Caraïbes dans les années à venir. Le problème critique pour cette région à lheure actuelle est dattirer les investissements. Ces derniers amènent des avantages compétitifs et [page-number of print ed.:14 (french part)] commerciaux. Les dispositions prises avec lUE doivent à lavenir se concentrer davantage sur le manière dattirer les investissements dans un contexte où les réseaux sont à léchelle mondiale. Un autre argument montrant que les accords de non-réciprocité tels que Lomé et le CBI ont atteint leurs limites et ne peuvent pas concurrencer les accords de libre-échange consiste surtout dans le fait que ces instruments ne peuvent être étendus sans réciprocité au niveau de la couverture du produit, des règles dorigine, des services, de linvestissement, etc. en raison des changements intervenus dans la politique de coopération au développement. Reconnaissant ces changements, les Caraïbes se sont engagées dans un processus de libéralisation afin de se préparer à un monde où le commerce est à la fois libéralisé et globalisé. depuis 1980, elles ont adopté une série de réformes. Ces réformes doivent à présent se trouver institutionnalisées dans le cadre dun accord de libre-échange afin de les rendre plus permanentes et plus crédibles. Dans le contexte ALENA/FTAA, le passage à la zone de libre-échange est conçu comme une parité avec lALENA et différentes mesures sont prises pour aider les petits pays à tirer avantage de cet accord de libre-échange. Pour ce qui est de lUE, aucune option claire de ce genre na été prise par la région. Ceci est principalement dû au fait que lUE na pas pris linitiative de proposer une nouvelle forme concrète de relation. Elle sest contentée dévoquer la possibilité de mettre fin à la non-réciprocité. Essentiellement, le mouvement en faveur de létablissement daccords de libre-échange dans lhémisphère occidentale a réduit les options déchange de la région avec lUE à la clause de la nation la plus favorisée ou à laccord de libre-échange. En évaluant ces options, lauteur a avancé le concept dun passage simultané au régime de libre-échange pour lALENA/FTAA et pour lUE sur la base dune réciprocité progressive ou relative, accompagné de laide au développement nécessaire pour faciliter la compétitivité et la transformation. Cette position est basée tout dabord sur la nécessité pour les accords de libre-échange avec lUE et lAmérique du Nord dattirer les investissements et de relancer les exportations; elle sappuie également sur la nécessité de rendre lappartenance des Caraïbes à lALENA/FTAA compatible avec ses relations commerciales avec lUE, en ce sens que le traitement appliqué aux pays développés de lALENA doit être appliqué sans discrimination aux pays de lUE, comme lexige la Convention de Lomé. En outre, si la clause de la nation la plus favorisée devenait la base des échanges avec lUE, ceci dégraderait considérablement le statut commercial de la région au fur et à mesure que se reconstituerait la pyramide des privilèges commerciaux de la CEE. Un autre avantage de la création dun accord de libre-échange avec lUE serait de jeter les bases de lamélioration de lintégration et de la coopération avec les DOM-TOM dont certains souhaitent obtenir le statut de libre-échange avec les états indépendants des Caraïbes et qui partagent avec eux des objectifs communs de sécurité régionale. Alors que lidée dune transition vers un accord de libre-échange fait son chemin dans les Caraïbes dans le cadre ALENA/FTAA, il existe une réticence à envisager une telle position à légard de Lomé et une tendance à saccrocher désespérément aux acquis de Lomé. La principale raison en est que pour certains pays des Caraïbes, la dépendance vis-à-vis de la protection des produits de base est telle quils nenvisagent pas la possibilité de survivre dans un monde globalisé et libéralisé. Dans ces circonstances, la transition doit donc garantir une certaine sécurité économique à ces petits états pour qui la diversification implique des coûts importants et dénormes difficultés. Il ne sagit pas de se contenter dapporter des ressources financières et techniques pour la restructuration de lindustrie. Il faudrait, comme ce fut le cas dans le cadre du CBI, encourager la diversification en offrant des concessions spécifiques en matière de commerce, de services et dinvestissements qui attireraient directement les investissements dans des secteurs nouveaux ou existants et qui permettrait à de nouvelles industries de remplacer progressivement les industries en déclin. Le cas de lindustrie du vêtement ve- [page-number of print ed.:15 (french part)] nant compenser la baisse des quotas US sur le sucre dans le cadre du CBI en est un bon exemple. LUE a préconisé pour les Iles du Vent une diversification axée principalement sur le tourisme ainsi quune plus grande part réservée à lagriculture locale non traditionnelle en remplacement de lindustrie bananière. Pourtant, il nexiste dans la Convention aucune mesure spécifique permettant de promouvoir directement le tourisme telle que des crédits dimpôts pour les congrès, plus de produits en franchise pour les touristes rentrant dans lUE, etc. Dans le cadre dune telle stratégie de diversification et daccroissement de la compétitivité il est possible denvisager une région Caraïbe tendant vers une réciprocité avec lUE dans le cadre dun accord après Lomé IV. Un tel accord de libre-échange, prévoyant des délais dentrée et des degrés de réciprocité variables sur la base de concepts appropriés de préparation, de différenciation et de graduation, pourrait savérer viable pourvu quelle soit spécifique à la région dans la mesure où elle nexclurait pas les produits et services dont lexportation présente un intérêt pour la région et que les concessions accordées ne soient pas exprimées en termes généraux, mais sadressent à des secteurs dans lesquels les Caraïbes sont compétitives. © Friedrich Ebert Stiftung | technical support | net edition fes-library | Januar 2002 |