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TEILDOKUMENT:
[page-number of print ed.:7 (french part)] 1. Introduction A lheure actuelle, il nexiste pas de position clairement articulée sur les Caraïbes, que ce soit de la part du secteur privé ou du gouvernement, quant à ce que devrait englober un accord avec lUE sur laprès-Lomé. Dans ces groupes, les avis divergent sur la manière de procéder et beaucoup considèrent que lincertitude qui prévaut ne permet pas de définir avec suffisamment de précision le type de relation quil convient de rechercher. Il reste à lancer, au niveau national et régional, un processus de consultation adéquat sur les dispositions à prendre dans laprès-Lomé, processus auquel participeraient les ONG, le secteur privé, les gouvernements et les syndicats. Jusquici, aucun réseau na été créé à cet effet. En outre, le gros des débats a porté jusquici sur la politique future de lUE en matière de coopération au développement et sur ses conséquences pour les Caraïbes. Le présent document développe un argument en faveur dune politique de commerce extérieur commune des Caraïbes envers lUE, qui prenne en compte les besoins futurs de la région ainsi que les nouvelles tendances qui se dessinent dans lUE, dans lhémisphère occidental et au niveau international. Cet argument est très précis et fait des choix clairs, évitant ainsi toute ambiguïté visant à couvrir déventuelles erreurs de jugement. Inutile de dire que ces vues nengagent que lauteur. [page-number of print ed.:8 (french part)] 2. Aperçu général de la coopération ACP/CEE Brièvement, les principales innovations de la première convention de Lomé furent les suivantes: Réglementation des échanges: la non-réciprocité dans les échanges portant sur laccès à sens unique et en franchise pour 99,5% des produits ACP. Cet accès était illimité pour les produits industriels et allait plus loin que les SPG qui instauraient un plafonnement pour certains de ces produits. Les tarifs prévus dans le cadre de Lomé pour les produits agricoles étaient également plus bas pour une plus large gamme de produits de base. Protection des échanges: un protocole fixait les dispositions destinées à assurer des prix stables et rémunérateurs pour lexportation vers la CEE de deux produits agricoles de base: le sucre et la banane. Promotion des échanges: les réductions tarifaires étaient jugées insuffisantes pour assurer la promotion des échanges. Un effort de marketing devait être entrepris eu égard à la nouvelle concurrence attendue en raison de lélargissement de la CEE, etc. Par conséquent, une allocation spéciale a été prévue à cet effet. Règles dorigine: les critères de transformation substantielle et la disposition portant sur le traitement cumulatif de la valeur ajoutée en une zone tarifaire ACP/CEE unique ont facilité lobtention du statut dorigine par lutilisation de matériaux et autres intrants en provenance des ACP et de la CEE. Système de stabilisation des revenus de lexportation (STABEX): avec pour arrière plan la recherche par le G-77 dun Fonds Commun et dun Programme Intégré portant sur les produits de base, un système destiné à stabiliser les revenus de lexportation et portant sur douze (12) produits (principalement des produits agricoles) a été créé. Coopération industrielle: un Centre pour le Développement de lIndustrie a été créé afin daider à la promotion de lindustrie et dinformer les petites et moyennes entreprises des ACP à la recherche de technologie, de marchés, etc. La gestion de ce Centre est mixte. La Banque Européenne dInvestissement(BEI) sest également vue attribuer un rôle dans le financement du développement industriel. Assistance financière une allocation spéciale du Fonds Européen de Développement (FED) destinée à des projets nationaux et régionaux relevant de cycles de programmation et reflétant les priorités définies dans la Convention. Institutions Lomé a été conçu comme une relation contractuelle, contrairement au SPG qui est une offre unilatérale susceptible dêtre arbitrairement retirée ou modifiée. Laccord de Lomé est un contrat international ratifié mutuellement qui offre une plus grande sécurité aux investisseurs, aux opérateurs et au planificateurs en matière de politique. Quant à sa gestion, il implique une large participation des institutions communautaires tels le Parlement Européen et la Banque Européenne dInvestissement qui nont pas participé à dautres accords non régionaux de la CEE au cours de la période couvrant Lomé I et Lomé II. Depuis 1975, Lomé a évolué de différentes manières. Les dispositions relatives aux échanges ont été élargies afin douvrir ou daméliorer laccès de certains produits ACP relevant de la PAC (Politique Agricole Commune) tels que le riz, les fraises et les tomates. A cet effet, ces produits se sont vus accorder le même traitement douanier que celui qui est appliqué aux pays méditerranéens, en particulier, une réduction des droits de douane. Les fruits et légumes tropicaux bénéficient également de meilleures conditions daccès. La clause de sauvegarde a été ajustée [page-number of print ed.:9 (french part)] pour prendre en compte le niveau de développement du pays, le préjudice matériel et limportance de cette industrie pour léconomie. Les règles dorigine ont été élargies grâce à des procédures de dérogation plus libérales et, plus récemment, par lextension du cumul aux pays ACP de la région. Lomé IV a accordé une attention particulière au développement des échanges sagissant de lamélioration de la compétitivité. Le programme STABEX a été étendu à dautres produits et à dautres pays, des critères déligibilité plus libéraux ont été fixés pour les demandes de transfert et les conditions de remboursement ont été améliorées. STABEX se limite à présent à loctroi de subventions, et lors de Lomé IV, il a été transformé en un mécanisme destiné à stimuler la compétitivité, la diversification et lajustement structurel. Un programme complémentaire a été mis sur pied pour les produits miniers, le SYSMIN (Système de stabilisation des produits miniers). Celui-ci a également été élargi à dautres produits et à dautres pays. Dans le domaine financier, le volume global de laide a été ajusté dune convention à lautre, principalement pour prendre partiellement en compte linflation. Les instruments financiers ont été diversifiés afin de répondre à la diversité des besoins des ACP. Ceci sest traduit par la création de fonds spéciaux destinés à des situations durgence: désertification, culture, déchets toxiques et environnement. Une capacité dajustement structurel a également été ajoutée. Le caractère de concession revêtu par le financement a aussi été renforcé par lallégement de la dette et la transformation en subventions des prêts EDF. La participation des ACP à la gestion de laide a également été assurée par la mise en place de mécanismes de consultation conjointe. La coopération décentralisée a été introduite lors de Lomé IV et renforcée dans le cadre du Deuxième Protocole de Lomé IV. A cet égard, une plus grande importance a été accordée au financement direct par les ONG et le secteur privé. Le secteur privé fait particulièrement lobjet dopérations visant à le développer, que ce soit au niveau institutionnel ou non. Lors de la récente révision à mi-parcours, la programmation échelonnée a remplacé la programmation pluri-annuelle. Du point de vue institutionnel, il y a eu également une certaine évolution. Les relations au niveau consultatif entre les ACP et les parlementaires européens dune part et les partenaires sociaux et économiques dautre part, ont été renforcées afin de promouvoir une plus grande participation au développement dans le cadre de la mise en application de la Convention. Cette initiative soulignait dans le chef de la CEE le souci du respect des droits de lhomme et de la démocratie par les états ACP, souci qui na fait que croître depuis Lomé II. Le bon gouvernement est maintenant établi comme une condition sine qua non pour bénéficier des avantages de Lomé. Un Centre Technique Mixte pour la Coopération Agricole et Rurale a aussi été créé afin de recueillir de nouvelles informations et dassurer la recherche et la formation. En outre, un comité mixte de gestion pour la préparation, lévaluation et lapprobation de projets a été créé et les lignes directrices pour le paiement et la sélection des projets ont été améliorées. A la base des modifications décrites ci-dessus, deux faits méritent dêtre soulignés. Le premier est que la convention, qui au départ constituait un accord essentiellement économique, a vu saccroître le poids de ses préoccupations politiques, sociales et culturelles. Cette tendance sest constamment renforcée, alors que déclinaient ses bénéfices économiques. Le second est lintroduction de conditionnalités par une modification des philosophies du développement et des manières de laborder ainsi que par lalignement de la politique de développement de la CEE sur celle dautres donateurs occidentaux (nationaux et internationaux). A ce propos, il convient de noter la neutralité de Lomé I quant au choix de la politique de développement. A cet égard, Lomé III a marqué un tournant décisif puisquil a mis laccent sur le développement rural et agricole en centrant sa stratégie sur lautarcie alimentaire, sur les besoins fondamentaux et sur les opérations de petite envergure. Il sagissait dun choix en faveur dune croissance déséquilibrée qui trouvait sa justifi- [page-number of print ed.:10 (french part)] cation dans la situation prévalant à cette époque en Afrique. Il ignorait le déclin des termes de léchange, limportance critique des revenus de lexportation, ainsi que la nécessité de transformer les termes de léchange plutôt que de sisoler par rapport à eux. En outre, il passait à côté de la transformation industrielle dune alliance plus équilibrée de lindustrialisation et de lagriculture (agro-alimentaire). Lomé IV réalisait une politique plus équilibrée en insistant sur la nécessité dun ajustement structurel et surtout de programmes allant dans le sens dune transformation des structures de production. Laccent était mis sur la relance des exportations existantes et sur le développement des exportations potentielles. Toutefois, il liait la politique de développement de la CEE à celle du FMI et de la Banque Mondiale en se concentrant sur limpératif defficacité et sur limportance de létablissement dune politique dencadrement correcte orientée sur les besoins du marché en vue du développement. Au cours du processus de révision de Lomé I, est apparu un fossé entre les moyens et les objectifs. Lajout de plusieurs domaines nouveaux de coopération depuis Lomé I na pas été accompagné de lallocation des ressources correspondantes. En outre, lenveloppe financière globale a simplement été ajustée par rapport à laugmentation des prix alors que le nombre de membres ACP était passé de 46 à 70. Bien que cette limitation des ressources ait été quelque peu compensée par lamélioration de la qualité de laide (termes et conditions), et par lallégement de la dette, cest lemploi efficace de ces ressources, grâce à un choix et à une mise en oeuvre judicieux des projets qui a constitué la plus grande part de lajustement. Partiellement en raison de ce qui précède, mais surtout suite à des événements internationaux (termes de léchange, dette, crise des produits de base, etc) et nationaux, la capacité de Lomé à faire face aux besoins des ACP en matière de développement sest trouvée fortement réduite. Cette dernière observation est mise en évidence par la division intervenue lors des négociations de Lomé IV. Afin de faire face au déclin économique, les ACP ont recherché des innovations en matière dallégement de la dette (au niveau bilatéral et multilatéral) et lappui de la CEE, afin que soient fixés des prix stables et rémunérateurs pour les produits de base au niveau international. Dans le domaine de la consolidation, des amendements importants à STABEX et à SYSMIN ont été demandés ainsi quun relèvement du volume de laide financière (les ACP ont demandé 15 milliards dECUs). La Communauté a répondu par des innovations dans la durée de la Convention (10 ans au lieu des 5 ans prévus par Lomé III), une plus large couverture géographique (extension à Haïti, à la Namibie et à la République Dominicaine) ainsi que par la possibilité dajustements structurels. Des modifications mineures ont été apportées à STABEX, à SYSMIN ainsi quà laide financière (subventions en lieu et place des prêts spéciaux et allégement multilatéral de la dette par la CEE). 8.500 millions dECUs ont été attribués au titre du premier protocole financier de Lomé IV et ce montant est passé à 12.000 ECU dans le cadre du Deuxième Protocole Financier. Lomé IV na donc pas stoppé le déclin historique en cours depuis Lomé I. Laide réelle par habitant, qui avait baissé de 30% de Lomé I à Lomé II et de 12,5% de Lomé II à Lomé III a poursuivi sa spirale descendante. En monnaie courante, lenveloppe financière na augmenté que de 20% au titre du Premier Protocole Financier de Lomé IV. Au titre du Deuxième Protocole Financier de Lomé IV, laugmentation en monnaie constante a été de plus de 20%. Du point de vue des échanges, le manque de diversification persiste. Les produits de base continuent à dominer fortement les exportations des ACP et dix produits représentent à eux seuls 80% de ces exportations. Cette situation saccompagne de la chute de la part de marché des ACP (de 7% des importations communautaires en 1976 à 4,5% en 1991). La balance commerciale reste en faveur de la CEE en dépit de la disposition prévoyant la non-réciprocité. © Friedrich Ebert Stiftung | technical support | net edition fes-library | Januar 2002 |