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TEILDOKUMENT:
[page-number of print-ed.:20] 4. Incidence de la Convention de Lomé Limpact de la Convention de Lomé sur la région a été considérable. Instrument de développement, elle a exercé son influence sur presque tous les aspects de la vie économique, de la ventilation des budgets nationaux à la détermination des partenaires dexportation, en passant par la définition du type de produits à fabriquer et à exporter. Le présent document nabordera ces aspects quen des termes très généraux. Dans pratiquement tous les domaines considérés comme paralysés, lUnion européenne a apporté une assistance économique significative à la région. Sans lintervention de lUnion européenne, il ne fait aucun doute que les problèmes inhérents à lisolement et aux distances auraient une acuité beaucoup plus grande que ce nest le cas aujourdhui. Dans les secteurs des télécommunications, des infrastructures de transport, des transports maritimes et des équipements portuaires et aéroportuaires, la Convention de Lomé a été lun des éléments clés qui a permis à la région de maintenir un niveau de vie ne fût-ce quapprochant du faible niveau actuel. 4.1 Aide La région ACP Pacifique est lune des régions où laide par habitant est lune des plus élevés au monde
[Voir Brown C. et Scott D.A. Economic Development in Seven Pacific Island Countries .].
La Communauté européenne occupe la deuxième place des donateurs dans la région, derrière l’Australie. Étant donné que 80% de l’aide australienne va à la Papouasie-Nouvelle-Guinée, la Communauté européenne devient de facto le principal donateur pour les autres sept États ACP indépendants de la région.] Cependant, les Programmes indicatifs nationaux ne reflètent pas fidèlement le niveau total de lassistance offerte en vertu de la Convention, parce quils ne comprennent pas le volume considérable des assistances non programmées qui sont disponibles dans le cadre des transferts Sysmin et Stabex, des articles 136-8 et dautres mécanismes de la Convention. Le niveau daide programmée et non programmée était le quadruple de la moyenne ACP (laide totale par habitant pour les pays ACP du Pacifique est de 80,3 millions décus, contre 22,5 millions décus de moyenne par habitant pour les pays ACP). Ces données brossent toutefois un véritable trompe-loeil de la région ACP du Pacifique. Les moyennes des pays ACP ont en effet un statut spécial, avec des avantages dépassant de loin ceux obtenus par les autres signataires de la Convention, mais il nen reste pas moins que ce ne sont là quapparences et quil faut prendre en considération que la majeure partie de laide injectée dans le Pacifique consiste en des subventions indirectes aux citoyens et aux sociétés de consultance des États donateurs. Dans le rap- [page-number of print-ed.:21] port le plus récent ayant trait à la région, la Banque mondiale insiste clairement sur le fait que 45% de laide apportée à la région intervient sous la forme dune assistance technique.
[Le chiffre de 45% ne comprend pas les sommes considérables utilisées pour les services de conseil dans les autres secteurs que l’OCDE/CAD (comité d’aide au développement) définit comme étant „plus directement productifs", par exemple l’infrastructure, etc. On est en droit de se demander si ne fût-ce que la moitié de l’aide reçue par les États ACP s’est traduite par des retombées directes pour la région. A cet égard, l’aide australienne ne diffère pas de celle de l’Union européenne.]
Laide apportée aux pays membres du Pacifique se caractérise essentiellement par la part élevée revenant à lassistance technique: 45% de toutes les aides ont été octroyées sous forme dassistance technique. Le rapport entre ce chiffre et les performances de croissance napparaît pas clairement. Dune part, on estime que la majorité des financements sous forme dassistance technique remplacent les dépenses publiques courantes telles que les écoles, les hôpitaux et un certain nombre de ministères, et que cela revient à des revenus aux expatriés plutôt quà des investissements visibles au profit du pays bénéficiaire Par conséquent lassistance technique fournit les compétences, léquipement et la formation des professionnels locaux ou aide à combler les pénuries dans des domaines spécifiques, un rôle qui devrait théoriquement améliorer la productivité, si le montant en était établi dans un contexte de compétitivité (mise en évidence ajoutée). Tableau 1
Source: Estimations de lauteur Malheureusement, laide de lUnion européenne ne fait pas exception à la règle. En effet une grande partie de cette aide revient sous la forme de paiements dassistance technique versés à des firmes et à des expatriés européens. [Dans le cadre de Lomé III, par exemple, l’enveloppe totale des dépenses au titre de l’assistance technique représentait 429 millions d’écus, soit approximativement 7% des subventions du Fonds européen de développement (FED). Cependant, la définition n’inclut pas l’assistance technique qui est fournie au titre des différentes subventions sectorielles, de telle sorte que ces chiffres ne peuvent pas nous donner une représentation précise des engagements européens dans ce type de dépenses. Consulter „De Lomé III à Lomé IV: le point sur l’aide accordée au titre de la Convention de Lomé à la fin de 1990". Commission des Communautés européennes, Bruxelles, Avril 1992.] [page-number of print-ed.:22] Tableau 2
Source: Estimations de lauteur 4.2 Préférence commerciale et la perpétuation des économies coloniales La préférence commerciale accordée aux États ACP du Pacifique a été la pierre angulaire de la stabilité de leur économie, surtout aux Fidji. La stabilité est certes importante, mais elle a également quelque peu ralenti le passage à des produits plus rentables dans certains secteurs clés de lexportation. Autrement dit, léconomie des Fidji, lunique bénéficiaire important des préférences commerciales, reste bloquée" avec en somme la même structure dexportation que celle de lère coloniale.
[Le seul développement majeur et significatif a été la croissance rapide de l’industrie d’exportation de la confection fidjienne, qui s’est développée après 1987 et brasse actuellement des exportations (en 1995) de 130 millions USD, ce secteur devenant le deuxième par ordre d’impor tance après celui du sucre.]
a) Le protocole sucre": exportation de la Politique agricole commune Depuis 1975, les Fidji ont eu un quota dexportation de 163.000 tonnes de sucre vers le marché de lUnion européenne conformément à la Convention de Lomé.
[Les exportations réelles ont été significativement plus élevées que le quota Lomé.]
[page-number of print-ed.:23] 1991 un transfert net de lUnion européenne de 90 millions USD, soit 4% du PIB. Pour lexploitant sucrier fidjien moyen, cela se traduit par un bénéfice net dexploitation de quelque 20 USD par tonne de canne à sucre. Les prévisions annoncent une baisse des cours du sucre de 12% environ pour lhorizon 2000, consécutive aux accords des Négociations dUruguay.
[Communiqué de presse, Groupe du Sucre de Londres, 1994. L’effet précis des engagements pris dans le cadre du Cycle d’Uruguay sur les prix de l’Union européenne demeure une décision de politique intérieure de l’Union européenne, parce que le pouvoir discrétionnaire autorisé en vertu de l’accord de Blair House signifie que la diminution précise des prix est incertaine. Le récent Rapport de la Banque mondiale consacré aux Fidji suggère (p. 29) que l’ampli tude précise pourrait être aussi faible que 5-10%.]
Lun des rares effets directement favorables des Négociations dUruguay a été le fait que lUnion européenne a inclus le protocole sucre" dans la proposition quelle a soumise au GATT. Cela signifie quil sera de toute façon encore plus difficile pour lUnion européenne de dénoncer le protocole sucre", puisque les dispositions daccès minimum du GATT empêcheraient lUnion européenne de limiter laccès à son territoire en fixant des quotas inférieurs aux niveaux actuels. [Voir Article 4, partie III, Accord agricole , GATT 1994.] Bien sûr, ceci nempêche pas lUnion européenne de diminuer les prix dintervention qui sont payés en échange des importations des Fidji ou dautres pays ACP. [L’inclusion des termes du protocole „sucre" dans la proposition de l’Union européenne n’exclut pas légalement des contestations du GATT qui pourraient être formulées par la suite à l’encontre du protocole „sucre".] Graphique 1 Source: Société fidjienne du sucre Le quota du sucre a été créé dans une large mesure pour venir en aide à Tale & Lyle au Royaume-Uni qui avait besoin de sucre de canne pour ses raffineries de Londres et de Liverpool.
[Le protocole „sucre" a été négocié lorsque les prix du sucre avaient atteint leur sommet historique de ce siècle et lorsqu’il régnait une insécurité du côté de l’offre.]
[page-number of print-ed.:24] 1975. Le protocole sucre" coûte à lUnion européenne entre 500 et 700 millions décus par an (25% de lenveloppe totale de la Convention de Lomé
[En 1993, on a estimé le coût réel du protocole „sucre" supporté par l’Union européenne à 600 millions d’écus. Voir Banque mondiale op. cit. p. 21. Le financement du protocole „sucre" et des protocoles des autres produits relevant de la Convention de Lomé n’empruntent pas le canal normal du Fonds européen de développement.]).
LUnion européenne entend maintenir les prix dintervention du sucre élevés dans un avenir prévisible, parce que le sucre reste lun des quelques produits hautement rentables en Europe. Cette approche a une incidence positive sur les Fidji et les autres producteurs de sucre ACP. Le maintien des hauts niveaux de prix se justifie également par le fait que la Politique sucrière commune qui détermine la production et fixe les prix du sucre au sein de lUnion européenne ne grève pas le budget de lUnion puisquelle sautofinance. Les régimes de soutien des prix pour les autres produits relevant de la Politique agricole commune sont supportés à la fois par le consommateur et par lUnion européenne, alors que le coût total de la politique sucrière est supporté par les consommateurs, ce qui explique pourquoi il y a moins de pression politique pour la réformer. b) Commerce des produits de la culture arbustive: GATT et Lomé En dépit de marges réduites de préférence commerciale, même avant la fin des Négociations dUruguay, les retombées découlant de la Convention de Lomé dans le secteur des produits de la culture arbustive tropicale restent inchangées. Les deux pays qui seront très probablement touchés par toute diminution des préférences commerciales sont à cet égard la Papouasie-Nouvelle-Guinée et les îles Salomon qui sont de grands exportateurs de produits de la culture arbustive tropicale vers les marchés de lUnion européenne. Les produits les plus importants qui seront touchés par la proposition de lUnion européenne dans le cadre du GATT sont lhuile de palme, le café et le cacao. (Le coprah est déjà entré sur le marché européen et il est exempté de droits de douanes, de telle sorte quil ny a pas de marge de préférence, et la plupart du thé de Papouasie-Nouvelle-Guinée est vendu à lAustralie.) La proposition européenne concernant les produits relatifs au Pacifique est reprise dans le tableau ci-après. Ce qui est significatif, cest que la marge de préférence existante pour les producteurs non-ACP samenuise.
[La proposition de l’Union européenne soumise au GATT et concernant les produits des cultures arbustives a une incidence considérable sur les États ACP du Pacifique. La marge de préférence sur le cacao va par exemple être éliminée. Dans le cas du café non torréfié, la diminution est de 40 %, soit légèrement supérieure à ce qui était requis aux termes de l’accord de Blair House. Cependant, la baisse des tarifs douaniers pour les importations agricoles conformément aux termes de l’accord doit être le fait de groupes de produits plutôt que de gammes de tarifs douaniers. Il y a un minimum de 15% de réduction par gamme de tarifs douaniers. Par conséquent, pour un certain nombre de produits où l’Union européenne est confrontée à une concurrence (par exemple les huiles comestibles), la diminution des droits d’importation sera la diminution minimale. Il semblerait que l’Union européenne ait réalisé un certain nombre de ses engagements en matière d’agricul ture dans le cadre du Cycle d’Uruguay en réduisant ses marges préférentielles de tarifs douaniers pour les États ACP de plus de 36 % dans certaines régions. Un certain nombre de ces réductions exerceront directement un impact sur les pays ACP du Pacifique tels que la Papouasie-Nouvelle-Guinée, les îles Salomon et Vanuatu.]
[page-number of print-ed.:25] cas de certains produits qui ont un rapport valeur/poids peu élevé (tels que lhuile de palme) et pour lesquels les producteurs des pays ACP du Pacifique sont déjà désavantagés en raison des coûts de transport élevés, lélimination ou une diminution importante de la marge de préférence menacerait encore davantage la viabilité même de ces exploitations. [Cole a indiqué que la valeur de la préférence pour l’huile de noix de coco représentait quelque 41 USD par tonne d’huile de noix de coco pour la société Lever Solomon Ltd, l’exportateur principal des îles Salomon. Les coûts du fret vers l’Europe avoisinaient les 58 USD. Par conséquent, l’écart représenterait plus que les coûts inhérents à la fourniture d’huile de coco philippine, dont les taux relèvent de la clause de la Nation la plus favorisée (NPF). La marge de préférence commerciale était équivalente à 9% des prix-producteurs; Voir Cole R. „Transnational Corporation in the Trade of Selected Primary Commodities from the south Pacific".] La diminution de la marge de préférence a un effet plus ou moins prononcé en fonction du produit considéré. Dans le cas de lhuile de palme, dont les exportations des pays ACP du Pacifique (ainsi dailleurs que de tous les pays ACP) sont insignifiantes par rapport à celles de pays non-ACP (tels que la Malaisie et lIndonésie), la marge réduite de préférence obtenue actuellement par la Papouasie-Nouvelle-Guinée et par les îles Salomon nest pas suffisante pour influencer le prix du marché du produit. Dans le cas dautres produits, la marge de préférence devient une partie du prix global négocié et peut être perçue soit par le producteur, soit par le marchand. Les marchands dhuile de palme indiquent que la marge de préférence nest jamais répercutée sur le consommateur. Pour ce qui est du cacao, les marchands indiquent quils ne sont pas très sûrs du mode de distribution de la préférence entre les différentes parties intéressées. Dans le cas du cacao, la majorité des exportations de fèves de cacao vers le marché européen provient des États ACP, de telle sorte que le prix du marché mondial aurait plutôt tendance à traduire plus fidèlement le statut tarifaire du produit. Par ailleurs, le Contrat européen du café prévoit que les droits dimportation sont à charge de lacheteur. [Par contrat du café européen, on entend un contrat standard utilisé pour acheter du café au sein de l’Union européenne.] Tout ceci nous amène à poser la question de savoir si le degré dajustement du prix reflète la marge de préférence. Deux possibilités se présentent à nous. Soit la marge est répercutée sur le producteur (dans de nombreux cas, ce sont les paysans), soit elle devient une partie de la marge commerciale de lexportateur ou de limportateur. Dans le premier cas, où les paysans et les producteurs perçoivent la marge réelle, les Négociations dUruguay entraîneront une diminution des incitants à la production de cultures arbustives tropicales qui sont touchées par la proposition européenne. Par ailleurs, la plupart des contrats de fournitures de produits prévoient que les frais de transports soient payés par lexportateur. Ceci ne fait quaccroître le désavantage concurrentiel auquel sont confrontés les exportateurs de produits des pays ACP du Pacifique. Si limportateur soctroie une grande partie de la marge de préférence, comme cest certainement le cas avec des produits complexes comme le cacao, il est possible que son action diminue les incitants à la source dans les pays ACP en général et les pays ACP du Pacifique en particulier. (Remarquez cependant que dans le cas de la Papouasie-Nouvelle-Guinée, certains des principaux exportateurs ignoraient jusquà lexistence dune marge de préférence commerciale pour leur cacao au sein de lUnion européenne.) Pour le café, tout dépendra donc de celui qui sera en position de force lors des négociations relatives au contrat. Alors quune partie considérable du café de lUnion européenne vient des [page-number of print-ed.:26] Tableau 3
P>Source: Union européenne pays ACP, le prix traduirait la marge de préférence. Cependant, le prix du café européen nest pas déterminé uniquement par les fournisseurs ACP, puisque, pour assister la lutte anti-drogue des pays latino-américains (ex.: la Colombie), lUnion européenne accorde également à ces pays un accès en franchise de droits au marché européen pour le café. Le produit et les condi- [page-number of print-ed.:27] tions du marché déterminent lopérateur qui perçoit la marge de préférence. Cependant, la perte de cette marge ou sa diminution nentraîne quune diminution supplémentaire des incitants à produire du café ou dautres produits de culture arbustive tropicale ou à sapprovisionner dans les pays ACP du Pacifique, éloignés et relativement chers. Dans trois pays mélanésiens où les exportations de produits de cultures arbustives tropicales sont considérables, la dépendance (exprimée en pourcentage des exportations totales) vis-à-vis de ces produits diminue sur la période 1980-1992. Elle passe de 35 % à 14 % pour la Papouasie-Nouvelle-Guinée, de 33 % à 24 % pour les îles Salomon et de 78% à 44% pour Vanuatu. (La plupart de ces exportations sont destinées à lUnion européenne, à lAustralie et à la Nouvelle-Zélande.) La diminution des marges de préférence commerciale pour les produits de cultures arbustives tropicales a également des conséquences sur les revenus découlant du programme européen de stabilisation des produits, le Stabex. Les transferts aux pays participant au programme sont fonction du volume des exportations des produits considérés. Par conséquent, plus la marge de préférence est faible pour lexportation vers le marché de lUnion européenne, plus importante sera la motivation des exportateurs pour trouver des marchés dans la région du Pacifique, plutôt quau sein de lUnion européenne. La diminution de la marge de préférence entraînera un effet secondaire sur les revenus Stabex. c) Produits du thon Le secteur des conserves de thon est vraisemblablement le secteur où le système européen de préférence commerciale a eu le plus grand impact sur les États ACP du Pacifique. Lexistence même de cette industrie au sein des États ACP du Pacifique est principalement liée à lexistence de marges de préférence commerciale. La Convention de Lomé a peut-être été la sage-femme de lindustrie de conserves de thon des pays ACP du Pacifique, mais il nen reste pas moins que la règle dorigine a engendré un enfant sévèrement handicapé dont les parents semblent vouloir se débarrasser. Les règles dorigine européennes spécifient entre autres que le navire qui a capturé le poisson doit être à 51% la propriété des pays ACP ou de lUnion européenne.
[Voir Article 2 (g) du protocole de la Convention. La définition de „leurs navires" et de „la mer" dans cet article reste une question de premier plan pour les pays exportateurs de produits de la mer. La Communauté européenne définit longuement „sa flotte" et c’est dans cette définition que l’on trouve l’exemple le plus parlant de l’utilisation des règles d’origine comme instruments de protectionnisme commercial.]
Dans les îles Salomon, la règle na pas empêché lune des plus grandes sociétés de transformation alimentaire japonaise, la Taiyo Gaigyo (actuellement Maruha) dentrer sur le marché et dutiliser les dispositions. La règle des 51% a été respectée en opérant un transfert réel de propriété à lÉtat en un certain nombre dannées. Le gouvernement des îles Salomon ne payait pas directement pour ses intérêts dans la Salomon Taiyo. Depuis 1973, Salomon Taiyo na seulement fait des bénéfices quen huit occasions. Ce nest pas surprenant. En raison des règles dorigine, le taux dimposition effectif sur chaque dollar de profit dans les pêcheries salo- [page-number of print-ed.:28] monaises est de 79%. Cest en 1982 que la société sest acquittée la dernière fois de limpôt sur les sociétés. Elle vient récemment de renouveler son accord avec le gouvernement des îles Salomon pour un troisième accord sous forme dassociation en participation. [La preuve de la manipulation des prix de transfert pour retirer la marge de préférence commerciale de la Convention de Lomé a fait l’objet d’un commentaire détaillé dans le Rapport de la Banque mondiale.] Cependant, STL ne fut pas le seul désastre fiscal à découler des règles dorigine. Afin de satisfaire à la demande en poisson de la conserverie Taiyo, le gouvernement salomonais a mis sur pied la Compagnie de développement des pêcheries nationales (NFD) au cours des années 1980 aux fins spécifiques de contourner les dispositions de la règle dorigine en matière de propriété.
[Voir A.V. Hughes, „High Speed on an Unmade Road". M. Hughes qui a été gouverneur de la Banque centrale des îles Salomon ainsi que président du conseil d’administra tion de la STL a déclaré que la NFD avait été conçue à l’origine comme une manière d’accélérer la propriété locale de la flotte et de faciliter l’accès de produits en franchise de droits.]
Sur les îles Fidji, la disposition relative aux 51% de propriété a été contournée dune manière moins dommageable, en séparant la société de pêche de la conserverie. Le gouvernement a mis sur pied sa propre compagnie de pêcherie, IKA, qui gérait une flotte de six à dix thoniers canneurs pour alimenter la conserverie PAFKO, un fournisseur du marché britannique du thon. Le rapport public annuel du département fidjien des pêcheries montre que les bateaux appartenant à lÉtat capturent en groupe autant quun seul ou deux navires exploités par les Japonais. Lune des raisons des performances plutôt médiocres de la conserverie a été selon lui son incapacité dobtenir suffisamment de poissons. Elle ne peut pas acheter du poisson des Samoa américaines et doit dès lors attraper du poisson dans les eaux territoriales ou lobtenir de Kiribati et des îles Salomon. Le niveau insuffisant des quantités de poisson traitées, ou plus précisément lincapacité dobtenir des quantités suffisantes, est responsable du manque de rentabilité de la société. En résumé, la règle dorigine na pas empêché la prise de contrôle des pêcheries et des conserveries par des groupes étrangers. Elle na pas été porteuse de retombées pour les îles, mais a créé une industrie potentiellement viable pour peu quelle soit restructurée et remise correctement sur ses rails. LUnion européenne doit sacquitter dune obligation morale manifeste en aidant à couvrir les frais de la réparation des dommages infligés à lindustrie par sa marge de préférence. Mais les États ACP du Pacifique ne sont toutefois pas non plus irréprochables à cet égard. Ils ont refusé en de nombreuses occasions de résoudre les problèmes rencontrés par leurs industries. Par exemple, il est largement reconnu, quoiquaucun document ne vienne étayer la chose, que la structure des salaires sur les bateaux de pêche fidjiens est telle que les officiers perçoivent un salaire forfaitaire et sont donc peu motivés à attraper du thon. Les Fidji connaissent cette situation depuis de nombreuses années, mais nont pas déployé une grande énergie pour remédier à la situation. © Friedrich Ebert Stiftung | technical support | net edition fes-library | November 2001 |