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[page-number of print ed.: 43 ] III - Elections présidentielles de lan 2000 :
Le contexte pré-électoral difficile néchappe à aucun observateur averti de la scène politique sénégalaise. Ainsi que lannonçait Babacar Sine, une des éminences grises du PS, «lélection présidentielle ne sera pas une promenade de santé» [SUD Quotidien, n° 1879, 13 juillet 1999] . Limpact de la crise économique et sociale, lévolution de la pauvreté, confirmés par ailleurs par le récent Rapport national sur le développement humain, permettent dappréhender le climat social tendu. Sur le front social, les négociations entre le gouvernement, le patronat et les syndicats nont pas réussi à empêcher la grève générale de quarante-huit heures décrétée par les syndicats. Malgré la signature de la CNTS, la grève a été une réussite selon les propos du patronat. Sur le plan institutionnel, la nomination du Général Amadou Abdoulaye Dieng à la tête de lONEL a été un facteur de tension ; son implication dans le mouvement de soutien Horizon 2000 pour la réélection de Abdou Diouf est aux yeux de lopposition une raison suffisante pour annuler le décret le nommant. La contestation touche aussi la nomination de la première et seule femme au sein de lONEL pour des raisons de parenté par alliance.
[page-number of print ed.: 44 ] dEtat. Répondant à une question de journaliste, le Président de la République avait déclaré de façon très nette quil se plierait sans hésitation aux décisions du Conseil dEtat. La veille de la décision du Conseil dEtat, le 18 juillet, le Président de lONEL démissionne de ses fonctions et est remplacé par un autre, Monsieur Louis de Carvalho. Un autre facteur qui maintient la pression sur la scène politique nationale, depuis le départ de Djibo Leïty Kâ du PS, est relatif aux problèmes internes de ce parti. Il est vrai que la campagne de Paris constitue un repère dans les rapports tendus PS-opposition. Il reste quaujourdhui lattention de lobservateur sest déplacée des rapports PS-opposition vers les problèmes internes du PS. Lexclusion de Moustapha Niasse, comme la démission de certains responsables en sa faveur (Oumar Khassimou Dia, Coumba Ndoffène Diouf) [Ancien proche collaborateur de l’ancien premier ministre Habib Thiam et ancien ministre chargé des relations avec les Assemblées] , montrent que les problèmes posés par le Conseil national du PS en 1996, et qui pour certains sont liés à lépineuse «question du dauphinat», auront des incidences certaines sur la prochaine élection présidentielle. Tous ces éléments contribuent pour linstant à focaliser le débat politique autour de lalternance ou de la réélection de Abdou Diouf. Les propos contradictoires des deux intellectuels sénégalais, Mamadou Diouf et Babacar Sine, permettent de mesurer lenjeu de ces prochaines élections Babacar Sine fait valoir, par rapport aux multiples défections du PS et la transhumance politique, la capacité historique du PS à se renouveler. Lhistorien Mamadou Diouf reconnaît cette capacité, mais montre dans le même temps quelle a atteint ses limites du fait de la combinaison de plusieurs facteurs : lentrisme de certains partis de lopposition, la gestion administrative du PS qui nest pas sans poser de problème etc. Il met aussi en avant, pour se démarquer de Babacar Sine, un constat qui relève du fait [page-number of print ed.: 45 ] que lalternance très souvent en Afrique a été le fait dun dissident du système en place. Ce facteur peut sembler être corroboré par le score de lURD aux législatives de 1998 et par la réception favorable de linitiative de Moustapha Niasse par certains segments de la société. Même si les partis qui ont eu à impulser la lutte pour les libertés démocratiques perdent aujourdhui quelque peu linitiative au profit de Moustapha Niasse et Djibo Kâ, il reste que dune certaine façon une partie de lanalyse de Mamadou Diouf ne pourra être validée ou invalidée que par le verdict des urnes lors des prochaines élections. La fin de non recevoir de lopposition à linvite de Diouf, relayée par Ousmane Ngom montre, entre autres, quil sera très difficile pendant la prochaine campagne électorale dinscrire la question de la femme au centre des préoccupations politiques. Nonobstant ce fait, des initiatives de femmes sont entrain de se faire jour avec lexemple des femmes du Pôle de gauche, ou encore le mouvement impulsé par les deux ministres Aïssata Tall et Aïssata Niang Ndiaye, lAlliance pour le Fouta «Synergie des forces nouvelles». Quelle est lambition de ces initiatives féminines ? Sagit-il simplement dappuyer une action partisane (soutien à un candidat) ou bien est-ce réellement pour replacer la femme au cur du débat politique ? Au-delà, linterrogation porte sur la contribution du COSEF aux prochaines élections, le type daction à mener, le type de partenariat à avoir. La spécificité de lélection présidentielle noffre pas au COSEF la possibilité de mener une campagne identique à celle de «Démocratie où es-tu ?». Il reste toutefois au COSEF la possibilité de sinterroger sur la prise en compte par les programmes des candidats des préoccupations et des besoins des femmes. Cest pourquoi, le COSEF veut stratégiquement amorcer une réflexion, avant les élections, sur les axes prioritaires à défendre pour les femmes, et définir un partenariat opérationnel entre les femmes leaders, [page-number of print ed.: 46 ] les réseaux et les ONG qui travaillent à la promotion et à la défense des droits des femmes. Le projet Quel partenariat entre les femmes leaders au Sénégal? vise à visibiliser les axes prioritaires définis par les femmes leaders, en collaboration avec les représentantes des réseaux et ONG. Le COSEF associera les représentantes des différentes antennes à cette réflexion afin de prendre en compte les points de vue spécifiques, régionaux des femmes sénégalaises. Cette participation se réalisera par des consultations régionales avec les femmes leaders et les représentantes dONG et autres organisations travaillant à la promotion et à la défense des droits des femmes. Par ailleurs, et dans un esprit de partenariat, le COSEF entend travailler avec le Collectif des Femmes parlementaires, les femmes maires, lAssociation des Femmes juristes pour créer un espace de débat pertinent. Le projet inclut aussi une campagne médiatique : forum à la télévision nationale, participation à des émissions radiophoniques, rédaction dans la presse écrite. © Friedrich Ebert Stiftung | technical support | net edition fes-library | November 2000 |