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III - Elections présidentielles de l’an 2000 :
quel défi pour le COSEF ?


Le contexte pré-électoral difficile n’échappe à aucun observateur averti de la scène politique sénégalaise. Ainsi que l’annonçait Babacar Sine, une des éminences grises du PS, «l’élection présidentielle ne sera pas une promenade de santé» [SUD Quotidien, n° 1879, 13 juillet 1999] .

L’impact de la crise économique et sociale, l’évolution de la pauvreté, confirmés par ailleurs par le récent Rapport national sur le développement humain, permettent d’appréhender le climat social tendu.

Sur le front social, les négociations entre le gouvernement, le patronat et les syndicats n’ont pas réussi à empêcher la grève générale de quarante-huit heures décrétée par les syndicats. Malgré la signature de la CNTS, la grève a été une réussite selon les propos du patronat.

Sur le plan institutionnel, la nomination du Général Amadou Abdoulaye Dieng à la tête de l’ONEL a été un facteur de tension ; son implication dans le mouvement de soutien Horizon 2000 pour la réélection de Abdou Diouf est aux yeux de l’opposition une raison suffisante pour annuler le décret le nommant. La contestation touche aussi la nomination de la première et seule femme au sein de l’ONEL pour des raisons de parenté par alliance.
Le travail de l’opposition au sein du Front pour la régularité des élections (FRTE) a consisté essentiellement en une campagne de protestation combinée à des marches pacifiques. La première marche a été interdite et la décision de l’opposition de la maintenir malgré tout a donné lieu à une répression policière assez musclée pendant laquelle Samir Abouriz, membre de la CDP, a été blessé. L’Union pour le Renouveau Démocratique (URD) n’a pas perdu de vue la possibilité d’avoir recours aux institutions de la République : c’est dans ce cadre qu’elle dépose un recours devant le Conseil

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d’Etat. Répondant à une question de journaliste, le Président de la République avait déclaré de façon très nette qu’il se plierait sans hésitation aux décisions du Conseil d’Etat. La veille de la décision du Conseil d’Etat, le 18 juillet, le Président de l’ONEL démissionne de ses fonctions et est remplacé par un autre, Monsieur Louis de Carvalho.

Un autre facteur qui maintient la pression sur la scène politique nationale, depuis le départ de Djibo Leïty Kâ du PS, est relatif aux problèmes internes de ce parti. Il est vrai que la campagne de Paris constitue un repère dans les rapports tendus PS-opposition. Il reste qu’aujourd’hui l’attention de l’observateur s’est déplacée des rapports PS-opposition vers les problèmes internes du PS. L’exclusion de Moustapha Niasse, comme la démission de certains responsables en sa faveur (Oumar Khassimou Dia, Coumba Ndoffène Diouf) [Ancien proche collaborateur de l’ancien premier ministre Habib Thiam et ancien ministre chargé des relations avec les Assemblées] , montrent que les problèmes posés par le Conseil national du PS en 1996, et qui pour certains sont liés à l’épineuse «question du dauphinat», auront des incidences certaines sur la prochaine élection présidentielle.

Tous ces éléments contribuent pour l’instant à focaliser le débat politique autour de l’alternance ou de la réélection de Abdou Diouf. Les propos contradictoires des deux intellectuels sénégalais, Mamadou Diouf et Babacar Sine, permettent de mesurer l’enjeu de ces prochaines élections

Babacar Sine fait valoir, par rapport aux multiples défections du PS et la transhumance politique, la capacité historique du PS à se renouveler. L’historien Mamadou Diouf reconnaît cette capacité, mais montre dans le même temps qu’elle a atteint ses limites du fait de la combinaison de plusieurs facteurs : l’entrisme de certains partis de l’opposition, la gestion administrative du PS qui n’est pas sans poser de problème etc. Il met aussi en avant, pour se démarquer de Babacar Sine, un constat qui relève du fait

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que l’alternance très souvent en Afrique a été le fait d’un dissident du système en place. Ce facteur peut sembler être corroboré par le score de l’URD aux législatives de 1998 et par la réception favorable de l’initiative de Moustapha Niasse par certains segments de la société. Même si les partis qui ont eu à impulser la lutte pour les libertés démocratiques perdent aujourd’hui quelque peu l’initiative au profit de Moustapha Niasse et Djibo Kâ, il reste que d’une certaine façon une partie de l’analyse de Mamadou Diouf ne pourra être validée ou invalidée que par le verdict des urnes lors des prochaines élections.

La fin de non recevoir de l’opposition à l’invite de Diouf, relayée par Ousmane Ngom montre, entre autres, qu’il sera très difficile pendant la prochaine campagne électorale d’inscrire la question de la femme au centre des préoccupations politiques.

Nonobstant ce fait, des initiatives de femmes sont entrain de se faire jour avec l’exemple des femmes du Pôle de gauche, ou encore le mouvement impulsé par les deux ministres Aïssata Tall et Aïssata Niang Ndiaye, l’Alliance pour le Fouta «Synergie des forces nouvelles». Quelle est l’ambition de ces initiatives féminines ? S’agit-il simplement d’appuyer une action partisane (soutien à un candidat) ou bien est-ce réellement pour replacer la femme au cœur du débat politique ? Au-delà, l’interrogation porte sur la contribution du COSEF aux prochaines élections, le type d’action à mener, le type de partenariat à avoir.

La spécificité de l’élection présidentielle n’offre pas au COSEF la possibilité de mener une campagne identique à celle de «Démocratie où es-tu ?». Il reste toutefois au COSEF la possibilité de s’interroger sur la prise en compte par les programmes des candidats des préoccupations et des besoins des femmes. C’est pourquoi, le COSEF veut stratégiquement amorcer une réflexion, avant les élections, sur les axes prioritaires à défendre pour les femmes, et définir un partenariat opérationnel entre les femmes leaders,

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les réseaux et les ONG qui travaillent à la promotion et à la défense des droits des femmes. Le projet Quel partenariat entre les femmes leaders au Sénégal? vise à visibiliser les axes prioritaires définis par les femmes leaders, en collaboration avec les représentantes des réseaux et ONG.

Le COSEF associera les représentantes des différentes antennes à cette réflexion afin de prendre en compte les points de vue spécifiques, régionaux des femmes sénégalaises. Cette participation se réalisera par des consultations régionales avec les femmes leaders et les représentantes d’ONG et autres organisations travaillant à la promotion et à la défense des droits des femmes. Par ailleurs, et dans un esprit de partenariat, le COSEF entend travailler avec le Collectif des Femmes parlementaires, les femmes maires, l’Association des Femmes juristes…pour créer un espace de débat pertinent. Le projet inclut aussi une campagne médiatique : forum à la télévision nationale, participation à des émissions radiophoniques, rédaction dans la presse écrite.


© Friedrich Ebert Stiftung | technical support | net edition fes-library | November 2000

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