Résolution pour la journée
syndicale de l'OGBL, le 24 janvier 2003
Pour une société solidaire,
pour plus de démocratie au travail, pour une redistribution équitable de la
richesse produite !
Lors de son 4e congrès ordinaire,
le 17.12.1999, l'OGBL a défini, dans sa résolution générale, l'orientation de
sa politique syndicale. Des résolutions distinctes sur les thèmes de la
formation, l'égalité des chances entre hommes et femmes, le social, les personnes
âgées, la démocratie au travail, ont concrétisé cette résolution générale.
Sur cette base, l'OGBL a lancé sa campagne de mobilisation pour une société
solidaire, pour la démocratie au travail et pour une redistribution équitable
de la richesse produite par la société, en 2000.
Cette campagne de mobilisation a enregistré à ce jour de nombreux succès sur le
plan des politiques sociale et salariale. La hausse des allocations familiales,
les améliorations structurelles dans l'ensemble du système des pensions, le
succès de la lutte contre la détérioration des prestations d'assurance maladie,
les améliorations de la politique du logement, les allégements fiscaux pour les
personnes physiques, le relèvement du salaire et du revenu minimums sont autant
de composants et de résultats des politiques de redistribution équitable et de
solidarité réclamées et défendues par l'OGBL.
La campagne de mobilisation de l'OGBL se doublait d'une politique salariale
offensive qui, appliquée à la politique tarifaire a, elle aussi, débouché sur
des résultats positifs pour les travailleurs.
Globalement, les travailleurs et les retraités peuvent enfin eux aussi,
profiter de la croissance économique.
Continuité des politiques
salariale et sociale versus réduction des acquis sociaux et politique
d'austérité !
Les principes fondamentaux qui
sous-tendent la politique de l'OGBL ces dernières années (politique sociale
solidaire, continuité de la politique tarifaire, redistribution équitable de la
richesse produite) demeurent valables même dans un nouveau contexte économique.
En effet, c'est précisément en période de faiblesse conjoncturelle qu'une
protection sociale efficace et une politique des revenus basée sur la
continuité revêtent toute leur importance pour les travailleurs et les
retraités, car il s'agit alors de préserver la nécessaire confiance en l'avenir
et d'éviter que le ralentissement de l'activité économique ne débouche sur une
récession. Il faut, en outre, combattre les faiblesses de l'économie
luxembourgeoise et, enfin, lancer les débats indispensables sur l'avenir du
pays en y intégrant les principales forces sociales.
Démocratie et solidarité :
alternatives à une politique de mondialisation destructrice et exclusivement
tournée vers le profit : une chance et un défi pour l'Union européenne
Plus que jamais, pourtant,
l'économie du Luxembourg est tributaire de l'évolution de la conjoncture
mondiale et les relations dans le monde du travail sont de plus en plus
marquées par l'absence de scrupules des fanatiques de la mondialisation pour
tout ce qui touche au social. Ainsi l'évolution des cinq dernières années -
depuis la crise asiatique - a-t-elle clairement démontré que la politique de
mondialisation actuelle conduit à une impasse sociale et économique. De plus,
cette politique est sous maints aspects en contradiction avec les exigences
d'un développement économique durable, indispensable en termes de société et de
protection de l'environnement, et auquel le Luxembourg s'est engagé par la
signature d'accords internationaux. Dans ce contexte, l'OGBL rappelle la
critique de la Confédération internationale des Syndicats libres (CISL) face à
la politique menée au sein du G8, de l'Organisation mondiale du commerce, de la
Banque mondiale et du Fonds monétaire international en matière de
mondialisation de l'économie. Un nouvel ordre économique mondial s'impose. L'Union
européenne (UE) a ici un rôle positif et déterminant à jouer. L'UE doit
exploiter son potentiel pour relancer sa propre économie. L'essor économique
passe par une politique offensive et coordonnée. Et, donc, par une politique
d'investissements publics efficace, une bonne protection sociale en cas de
maladie, d'invalidité et de chômage, la lutte contre la pauvreté - dont les
femmes sont les premières victimes -, une politique de plein-emploi, un système
de pensions équitable, une politique des salaires et des revenus assurant une
redistribution équitable des richesses produites, une politique budgétaire
anti-cyclique et une politique monétaire non exclusivement axée sur la lutte
contre une inflation à l'heure actuelle hypothétique mais contribuant à la
politique d'investissement et, partant, à la reprise économique. Mais l'UE doit
également se doter, si elle veut proposer une alternative crédible et positive,
d'un modèle social efficace.
Dans ce sens, la diète syndicale
de l'OGBL demande au gouvernement luxembourgeois, aux membres luxembourgeois de
la convention européenne, au parlement luxembourgeois et à toutes les autres
forces sociales présentes au niveau européen de ne pas se limiter, au cours des
débats actuels sur l'avenir de l'Europe, à la défense des intérêts
luxembourgeois mais de s'engager énergiquement en faveur du renforcement, de
l'approfondissement et de l'extension du modèle social européen, et de défendre
la politique économique et sociale décrite ci-avant. L'élargissement de l'UE
doit également s'orienter vers ces objectifs et ne pas ouvrir la voie au
dumping social.
Le plein-emploi, objectif de
l'OGBL : la réduction du temps de travail à nouveau d'actualité !
Au cours de sa campagne de
mobilisation, l'OGBL a revendiqué la généralisation et l'introduction légale de
la 6e semaine de congés payés ainsi que le vote d'une loi-cadre visant
l'introduction de la semaine des 35 heures. Cette revendication s'inscrivait
dans le cadre de la flexibilisation du temps de travail prévue par la loi du
12.2.1999 portant sur le Plan d'action national pour l'emploi de 1998 (loi PAN)
et constituait pour l'OGBL un moyen de contribuer à l'humanisation du monde du
travail. Compte tenu de l'augmentation du nombre de chercheurs d'emploi, ces
revendications revêtent aujourd'hui une nouvelle dimension. Le plein-emploi
demeure une priorité pour l'OGBL et la réduction du temps de travail un moyen
pour y parvenir. Cette réduction du temps de travail doit en principe
s'accompagner d'un maintien intégral du salaire. La loi de réglementation des
conditions de travail et de rémunération dans le secteur HORECA (hôtels et
restaurants), qui a enfin été adoptée par le Parlement, ne doit pas être un pas
dans la mauvaise direction. Le maintien intégral du salaire est une condition
sine qua non, et toute autre interprétation serait erronée.
Le travail volontaire à temps partiel peut également contribuer de façon
positive à la lutte contre le chômage. Encore faut-il exclure toutes
discriminations directes et indirectes et que le travail à temps partiel
devienne un droit, une alternative protégée par la loi et définie par les
conventions collectives.
L'OGBL souligne également l'importance, dans la lutte contre le chômage, des
diverses mesures et initiatives en matière d'emploi.
Les réglementations en matière de préretraite sont déterminantes dans la lutte
contre le chômage, et l'OGBL s'opposera à toute offensive contre celles-ci.
Dans ce contexte, l'OGBL souligne sa détermination à lutter contre les
licenciements et pour une nouvelle culture d'entreprise allant dans le sens de
la responsabilisation sociale de l'employeur. L'OGBL se dit également satisfait
du dépôt d'un projet de loi portant sur la constitution d'une base légale
solide pour la lutte contre le "chômage social". Ce n'est toutefois
qu'un premier pas vers l'économie solidaire que revendique l'OGBL en tant que
pilier supplémentaire de la politique de l'emploi. Les schémas qui permettent
de garantir au personnel momentanément excédentaire dans les entreprises une
formation professionnelle, avec maintien intégral du salaire et de la
rémunération, conservent également tout leur intérêt.
L'OGBL souligne par ailleurs que l'intégration des personnes handicapées sur le
marché de l'emploi doit être une évidence et s'inscrire dans la politique de
l'emploi.
Pas de politique de l'emploi
aux dépens des femmes !
Le congé parental introduit par
la loi PAN ne saurait lui non plus être écourté ou autrement réduit. Conçu
avant tout comme un instrument important visant à mieux concilier vie familiale
et vie professionnelle, le congé parental a également contribué à faire
progresser l'emploi féminin et s'est dès lors imposé comme un outil important de
la politique de l'emploi.
Dans le cadre de la politique de l'emploi, l'OGBL veillera par ailleurs à ce
que les femmes ne soient pas les victimes désignées de la détérioration
conjoncturelle, au maintien des mesures qualitatives arrêtées pour la relance de
l'emploi des femmes et pour l'égalité hommes-femmes au travail, et à la prise
de nouvelles initiatives.
Nous devons également, pour compléter ce cadre, multiplier les efforts afin
d'étoffer l'offre de crèches et développer des infrastructures scolaires
fonctionnant à plein temps et assurant un suivi pédagogique et social en-dehors
des heures de cours normales.
Faillites, fusions et
licenciements collectifs : il faut renforcer la protection des travailleurs !
Dans le cadre de la politique de
l'emploi au Luxembourg, une réforme du droit commercial et du droit des
sociétés s'impose si nous voulons disposer des moyens de réduire le nombre de
faillites et de mieux protéger les travailleurs contre leurs conséquences.
La meilleure protection des travailleurs en cas de fusions et de démantèlements
s'avère également indispensable.
L'OGBL constate que les entreprises en difficultés - en clair, bien souvent,
les entreprises ne sont confrontées au seul recul de leurs bénéfices ! -
tendent de plus en plus à recourir immédiatement aux licenciements. En
conséquence, la diète syndicale de l'OGBL revendique le renforcement des
dispositions légales relatives aux licenciements collectifs, la présence
obligatoire des syndicats à représentation nationale lors des négociations des
plans sociaux et un droit de veto général pour les syndicats représentatifs au
niveau national. L'OGBL critique sévèrement l'attitude déloyale de la direction
de SES-ASTRA, qui envisageait de licencier 32 membres de son personnel sans se
soucier d'enfreindre les dispositions légales et autres usages en vigueur au
Luxembourg. L'OGBL s'est opposé énergiquement et avec succès à cette tentative
de licenciements.
La lutte contre toute forme de discrimination à l'égard des salariés
frontalières et frontaliers reste, dans ce contexte, une obligation pour
l'OGBL. En outre, il faut améliorer la coopération entre les assurances
sociales et les Offices de l'emploi publics dans la Grande Région. Les salariés
ne doivent pas faire les frais, sur le plan social, de la lenteur et de la
complexité des administrations.
Pour une politique économique
offensive et orientée vers l'avenir !
La situation économique actuelle
met une fois de plus en lumière les faiblesses de l'économie luxembourgeoise. Le
pilier industriel de notre économie doit être renforcé. Il faut soutenir le
commerce, l'artisanat et les prestataires locaux de services dans la
perspective du développement de la Grande Région, et leur donner les moyens de
relever ce défi. Diversification doit toutefois rimer avec discernement et
viser l'implantation et le développement d'entreprises porteuses. Les
entreprises qui assoient leur compétitivité sur des bas salaires et des
conditions de travail déplorables, qui veulent s'imposer sur le marché mondial
avec des produits bon marché, qui produisent des articles non respectueux de
l'environnement et appliquent des méthodes de travail dangereuses pour
l'environnement et la santé, ne peuvent assurer le développement durable et
qualitativement élevé de l'économie luxembourgeoise. Dans le cadre de la
diversification de l'économie, le développement des friches industrielles dans
les diverses régions de notre pays revêt un rôle non négligeable en termes,
notamment, d'aménagement du territoire.
Priorité des priorités : investir
dans la formation et dans la formation continue !
Une politique économique qui mise
sur un développement de haute qualité, assimilable et durable, a besoin de
femmes et d'hommes possédant une bonne formation générale et une formation
professionnelle de qualité supérieure et pouvant compter sur un système
performant de formation professionnelle continue. Cette règle vaut tant pour
les ouvriers que pour les employés, tant pour les artisans que pour les
techniciens, tant pour les professions commerciales et administratives
qu'intellectuelles. Le Luxembourg doit se doter d'une infrastructure de
formation et de formation professionnelle de qualité supérieure.
La diète syndicale de l'OGBL demande que la stratégie de formation promise,
aujourd'hui absolument nécessaire, se concrétise enfin. La formation
professionnelle et la formation professionnelle continue doivent, à tout égard,
devenir une priorité politique. L'OGBL avait déjà, lors de son dernier congrès,
intégré cette revendication dans son mémorandum sur la politique de formation
et avancé des propositions concrètes de réformes en la matière. Les résultats
de l'étude PISA soulignent sans équivoque les déficits - au niveau des
résultats des élèves - de la politique luxembourgeoise de formation. Ils démontrent
clairement l'inégalité des chances entre les élèves provenant de milieux
socioculturels différents. Les slogans et les appels à l'adresse des parents,
des élèves et des enseignants ne peuvent remplacer une politique, et la
promotion massive des écoles privées va clairement dans la mauvaise direction.
Plus de démocratie au travail
et un meilleur dialogue social !
Le 4e congrès de l'OGBL avait
également souligné l'importance d'un dialogue social efficace dans un Etat
social moderne. Ce dialogue social est un préalable indispensable à la cohésion
et à la solidarité sociales et, partant, à la capacité de production,
d'adaptation et de concurrence d'un petit pays.
Dans ce contexte, l'OGBL a sollicité une réforme de la loi sur les conventions
collectives dans le but de développer de nouvelles perspectives de négociations
entre les organisations patronales et les syndicats représentatifs au niveau
national et d'améliorer les procédures de négociations et de conciliation. La
proposition de loi portant réforme de la législation sur les conventions
collectives va globalement dans le sens souhaité par l'OGBL et est donc saluée
par celui-ci.
L'OGBL a également demandé une réforme des lois sur la représentation du
personnel et sur la cogestion afin qu'elles ne soient pas vidées de leur
substance par le développement des structures industrielles et par les
nouvelles méthodes de gestion et d'organisation - souvent peu cavalières -
mises en œuvre dans les entreprises engagées dans la mondialisation de l'économie,
et d'éviter ainsi la suppression des droits d'information, de consultation et
de cogestion des travailleurs et de leurs syndicats. "Pour plus de
démocratie au travail" est donc le mot d'ordre de l'action menée par
l'OGBL en faveur d'une réforme de la législation sur la représentation du
personnel et la cogestion. La phase d'information et de discussion devrait se
clôturer définitivement après le débat d'orientation au Parlement. Il faut
désormais passer à l'action. La diète syndicale de l'OGBL demande donc à
nouveau au gouvernement de déposer une proposition de loi dans les meilleurs
délais.
Dans l'intérêt d'un dialogue social efficace et performant, il s'impose
également de procéder enfin à la réforme du Conseil économique et social (CES).
Des propositions communes de réformes du CES ont été déposées. Elles doivent
être mises en oeuvre au plus vite.
Mise sur pied il y a 25 ans suite aux pressions de l'OGBL, la Tripartite n'a en
rien perdu de son actualité. En période de crise économique notamment, la
Tripartite demeure le parfait instrument pour procéder à une évaluation
critique de la situation économique et sociale et, le cas échéant, prendre les
décisions qui s'imposent pour assurer la justice sociale. Il revient à la
Tripartite, aidée en cela par un dialogue fort, engagé et loyal, de donner les
impulsions et de lancer les initiatives nécessaires à la croissance et à la
réalisation du plein-emploi.
Dans l'intérêt du Luxembourg et de la paix sociale, l'OGBL revendique un
dialogue fort, à tous les niveaux et pas seulement au plus haut.
Ces dernières années, l'OGBL a
permis de réaliser progrès et avancées dans d'importants secteurs de la
politique sociale. Le fait que l'OGBL soit, de loin, le plus important syndicat
du Luxembourg, qu'il puisse s'appuyer sur un grand nombre de délégué(e)s du
personnel dans toutes les branches de l'économie luxembourgeoise, qu'il
détienne la majorité à la Chambre de travail et à la Chambre des employés,
ainsi qu'au sein des assurances maladie et des assurances retraite des ouvriers
et employés, démontre la force de notre organisation et a eu une influence
déterminante sur nos succès.
Pour que cette politique au service des intérêts de tous les travailleurs et
retraités puisse continuer à accumuler les succès, la diète syndicale de l'OGBL
appelle ouvriers, employés et retraités à réitérer leur soutien à l'OGBL lors
des prochaines élections sociales de novembre. Un OGBL fort reste la meilleure
alternative à une vaine concurrence entre syndicats.
"Ensemble, assurons
l'avenir"