Wolfgang Schroeder,

Les syndicats en tant que mouvements sociaux . Les mouvements sociaux au sein des syndicats dans les années soixante dix

Rétrospectivement, les années soixante dix du siècle dernier incarnent l'âge d'or des syndicats allemands. Les syndicats connurent une croissance continue du nombre de syndiqués, des mouvements étendus de grève et de revendications sociales ainsi que, de par leur grande influence politique, des réformes sociales fondamentales. Comme entre 1966 et 1982, le SPD qui était très lié aux syndicats allemands, donna une impulsion directe à la politique gouvernementale, les syndicats purent se reposer sur lui et n'eurent pas tellement à s'appuyer sur leurs propres forces. C'est depuis la fondation de la République fédérale allemande que les syndicats purent avoir, pour la première fois, un contact non seulement direct, mais aussi et surtout privilégié avec le gouvernement: un nombre important de syndicalistes occupaient certains des postes les plus haut-placés dans la hiérarchie politique; par une action concertée, il y eut entre 1967 et 1977 une plate-forme politique propre qui, dans certains domaines, laissait aux syndicats un pouvoir d'intervention direct. C'est pourquoi les années soixante dix ont pu aussi être perçues comme "la décennie social-démocrate syndicaliste". Selon une autre perspective, on peut s'interroger, compte-tenu des débuts de la transformation significative de la société de consommation alors prédominante, sur le pouvoir effectif des syndicats à poser des jalons sûrs pour une autre forme d'organisation politique. De ce point de vue, les syndicats ne parvinrent pas à mettre à profit la transition représentée par les années soixante dix en adaptant l'organisation du travail aux nouveaux visages du capitalisme. Les tendances de gauche à l'intérieur et à l'extérieur des syndicats menèrent ainsi plus à la pérennisation des modèles et objectifs syndicaux précédents qui étaient propres au contexte de la société industrielle.