Klaus Weinhauer,

Le terrorisme des années soixante-dix dans la République fédérale allemande. Contribution à l'histoire socio-culturelle de la sécurité intérieure

La contribution marque les débuts d'une recherche socio-historique sur le terrorisme qui s'intègre dans une histoire socio-culturelle de la sécurité intérieure. Après avoir dressé un bilan des connaissances sur la question, elle montre les déficits de la recherche sur le terrorisme alors essentiellement tournée vers une histoire politico-sociale et biographique, puis elle propose de nouveaux champs d'étude pour des recherches futures. Elle souligne combien la prise de distance par rapport à la vision polarisée alors prédominante d'une opposition rigide entre l'État et le terrorisme des années soixante-dix est indispensable. La contribution insiste sur la nécessité d'une reconceptualisation et d'une historisation de l'État, tout en défendant une notion décentralisée de l'État qui est appréhendé comme une arène où se manifestent des conflits sociaux. Ainsi étudie-t-elle plus précisément, en se penchant sur les années soixante-dix, les possibilités d'un contre-pouvoir et elle permet de mieux apprécier le rôle joué par les hommes en tant qu'acteurs aussi bien individuels que collectifs. L'accent est mis sur les transformations fondamentales des structures du pouvoir étatique, celles-ci étant moins statiques et abstraites et plus tournées vers les problèmes du quotidien. L'auteur s'oppose avec virulence à la représentation d'un État tout-puissant pesant de tout son poids, dans les années soixante-dix, sur une société léthargique. Il montre, bien au contraire, que le terrorisme et la lutte à son encontre ont fait naître, depuis la fin des années soixante-dix, un scepticisme et des critiques à l'égard des bases de données informatiques. Ces impulsions démocratisantes se développèrent dans le cadre de l'émergence d'une volonté à réorganiser la société, celle-ci s'exprimant à travers les nouveaux mouvements sociaux (neue soziale Bewegungen).